Il
était une fois deux frères qui s’aimaient beaucoup, ce qui veut dire
qu'ils se disputaient souvent...
Maman, a
eu l'idée gentille de leur offrir des billes, dix petites et
deux
grosses magnifiques
pour chacun.
De quoi faire de belles parties dans la cour de
récréation.
L'aîné avait déjà l'habitude de la grande école, il a versé toutes les
nouvelles billes dans le trésor qu'il avait déjà gagné sur ses camarades
l'année d'avant, et il n'en a pas pris une seule pour la classe. Comme ça,
il était sûr de ne pas en perdre!
Le second, qui entrait au C.P.
a tout emporté, même
la belle grosse bille dont son frère lui avait
fait cadeau en plus des autres. A quatre heures, quand maman a retrouvé ses
petits loups, elle a été très étonnée: le grand avait les poches
pleines de billes, le petit n'avait presque plus rien, tout était parti
dans les mains de ses nouveaux amis.
"Quel imbécile, celui-là! grognait
l'aîné, jamais je ne gaspillerais mes billes comme ça! Moi, on m'en prête
une, et j'en remporte tout plein.
"Maman
ne disait rien, parce que chacun est libre de faire ce qu'il veut avec ses
affaires. Elle était très fière de voir que son petit savait donner,
simplement pour faire plaisir, mais, pour son aîné, elle se demandait si
par hasard elle n'était pas la mère d'un avare très malin, et ça lui
faisait de la peine.
Au goûter, la grand-mère qui aime bien raconter des histoires, a
commencé:

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Dans
un pays lointain où vivaient des princes tellement riches qu'ils
n'auraient pas pu compter tout ce qu 'ils avaient, vivait un homme
si pauvre qu'il n'habitait pas dans une maison. Il passait son temps
dehors, en demandant de quoi manger, et il fourrait ce qu'il
recevait dans un vieux sac de toile pendu à son épaule.
Un soir, qu'il marchait sur la grand-route, il vit au loin, dans le
soleil couchant, un grand nuage de poussière dorée.
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C'étaient
le char du grand prince et tout son équipage qui s'avançaient vers lui! Si
seulement on pouvait faire attention à lui!
Le pauvre homme se mît donc sur le bord du chemin en levant ses deux bras
d'un air suppliant...
Miracle! Le char s'arrête devant lui, le prince en
descend, il se penche vers le malheureux, il va, sans doute, lui verser une
aumône magnifique...
"Qu'as-tu à me donner?" dit-il au mendiant en tendant la main.
Comment?
lui, qui a tout ce qu'il veut, il ose demander quelque chose, à un
sans abri. Pour ne pas refuser, le pauvre fouille dans son sac, il
en sort un grain de blé, le plus petit qu'il peut trouver et il le
pose dans la main ouverte. Le prince sourit, il remonte sur son
carrosse, et le mendiant le voit disparaître dans un grand nuage de
poussière dorée, avec son char et tout son équipage.
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Notre homme reste seul au bord
du chemin, furieux et désolé... Quand vient l'heure de manger, il ouvre
son sac, et il voit au milieu des grains de blé une toute petite chose
qui brille très fort.
Il regarde: mais oui! c'est un grain d'or!
Dommage
qu’il n’ait pas tout donné, il aurait un sac plein d'or, à présent!
Comme il regrette de s'être montré avare!
La nuit sans doute, porte conseil. Le
lendemain au moment de partir en classe, l'aîné se décide, il va
prendre une poignée de billes dans son tiroir et les met dans son
cartable.
Si le les perds, tant pis, murmure-t-il avec un léger
soupir... Au bout d'un moment, il
ajoute: "Si je les regagne, c'est encore mieux!"
Et
c’est vrai, tout de même!
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