Serait-ce que tout ce qui atteint la perfection marquerait une
victoire sur le temps?
La préciosité ne se réduit pas à la perfection des détails,
elle rend sensible le moi du l'artiste et singulièrement sa
condition mortelle dans un milieu où tout est soumis à la violence
du temps.
Quoi de
plus fragile qu'un bouquet de fleurs, ou qu'une pêche bien
mûre, ou qu'un papillon? La chenille n'est-elle pas promise
à une métamorphose?
La
préciosité, ne cherche pas ici à nier un destin, mais
plutôt à tenter de se réapproprier le temps.
Pourtant
rien n'échappe au devenir. Tout ce tableau en témoigne par
la fragilité de chaque fleur, par cette rose naissante, à
gauche, penchant la tête.
Partout règne la perfection du détail, les fleurs sont
représentées telles que le peintre voulait qu'elles
soient.
La mouvance
des nuages reflétée par le vase nous rappelle au temps,
comme les fruits de juillet déjà abîmés. Pourtant tout
est fait pour sauver les fleurs: juxtaposition de ce qui se
succède au cours des saisons, chenille et papillon, mûres
de plusieurs couleurs. Si tout nous rappelle le devenir,
tout nous invite à l'exorciser car, après tout, ce bouquet
a échappé à la disparition grâce à la préciosité, à
ce goût du travail bien fait, du détail restitué.
Et
l'amateur a soudain l'impression qu'il est là, dans sa
contemplation, pour l'éternité.
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